Et tu sais le pire ? Je n’ai même pas bu ! Comme beaucoup j’ai été choquée par ce qu’il s’est passé mercredi dernier. Je pense que ce 7 janvier 2015 restera une des dates pour lesquelles, même des années après, je pourrais dire précisément où j’étais et ce que je faisait.
Non seulement des gens sont morts mais une de nos valeurs fondamentales a été attaquée.
Jusque là ces événements, aussi terribles soient ils, conservaient, comme la plupart des actualités, une certaine distance avec mon quotidien. Bien sûr mon sens de l’empathie m’a fait pleurer devant ce que l’on peut appeler un massacre, bien sûr l’idée que la liberté d’expression soit attaquée m’a fait peur, mais je voyais ces événements à travers mon petit écran. A l’abri, chez moi.
Puis un sms de ma petite Maman m’annonçant une prise d’otage porte de Vincennes est arrivé. Et une alerte de France Télé Info sur mon téléphone a confirmé.
A partir de ce moment l’apres-midi m’a semblé interminable, car cette fois, l’actualité a fait son entrée dans ma vie de façon beaucoup plus concrète : Poupette, Louloute et Jiminy étaient confinés dans leur crèche, école et travail. Nous habitons à moins de 500 mètres de la porte de Vincennes.
Difficile de se concentrer sur la réunion à laquelle j’assistais, mon esprit était ailleurs. J’ai reçu divers appels, sms, messages sur les réseaux d’amis qui s’inquiétaient pour ma famille et moi.
Merci les amis !
J’ai eu peur de ne pas pouvoir rentrer chez moi, qu’il y ait un incident dans le RER, que le périmètre de sécurité ne soit pas levé, que ma Louloute soit inquiète à l’école, que…
Milles questions, milles angoisses, le cœur qui bat bien plus vite que d’habitude. Un esprit rationnel dirait que cette angoisse égoïste n’était pas vraiment fondée parce qu’il n’y avait pas de raison que les événements se déplacent dans le bureau de Jiminy, à la crèche de Poupette ou à l’école de Louloute. Oui, c’est sûr. Mais qui peut vraiment être rationnel quand il s’agit de sa famille ?
Après, comme l’a dit l’amoureux de la Rousse Au Chocolat : « Je n’ai pas peur. Je n’arrive pas à gagner au loto, y’a pas de raison pour que je perde au terrorisme. »
A la nuance que moi j’ai peur un peu quand même…
Louloute a pu quitter l’école avec la maman d’une petite copine, elle ne s’est rendu compte de rien. Apparemment les maîtresses leur avaient juste dit qu’il était possible qu’ils organisent un cache-cache géant au cours de l’après-midi. Pas plus de précision, pas plus de question.
Merci aux maitresses et ATSEM qui ont très bien géré !
Lorsque Jiminy a voulu aller chercher Poupette il a vu des gens se précipiter dans les locaux et une femme hurler qu’il ne fallait pas sortir parce qu’il y avait des tirs. C’était juste au moment de l’assaut. Il a finalement pu se rendre à la crèche et aller chercher Louloute chez sa copine.
Quel soulagement de les retrouver à la maison quand je suis rentrée.
Samedi matin je me suis réveillée cassée, mal partout, tendue, yeux gonflés. Le contre-coup du stress de la veille. Je me serais mis une mine je ne me serais pas sentie plus mal, sauf que je n’ai même pas eu les moments d’euphorie qui vont normalement de paire avec l’ivresse.
Même si j’avoue être un peu inquiète du monde dans lequel mes poupées vont grandir, j’avoue que ce genre d’événement renforce encore mon envie d’un troisième bébé. Me donne envie de me recentrer sur le plus important : ma famille, et de tout faire pour que mes poupées soient le plus ouvertes d’esprit et tolérantes possible.
Hier j’ai marché avec Jiminy et Poupette (Louloute était à un anniversaire) aux côtés de plus d’un million et demi de personnes dans une très belle atmosphère qui, même si le mal de crâne est toujours un peu là, a un peu atténué la gueule de bois.
J’ai commencé la semaine dernière un article sur jusqu’où aller dans les vérités que je dis à Louloute, maintenant il sera sûrement bien différent de ce qu’il aurait été si je l’avais fini à ce moment là…
<3