L’acceptation est la cinquième étape du deuil selon la classification établie par la psychiatre Elizabeth Kübler-Ross.
Bientôt dix-huit mois depuis un événement qui a conduit à une rupture familiale. Des mois à retourner les faits, les paroles et les actes dans ma tête. A chercher de l’aide, une explication, une solution.
Pendant ces dix-huit mois je crois que je suis passée par toutes les étapes décrites par la psychiatre.
Le choc suite à la violence des événements. Ils ne s’agissait que de mots, mais ils étaient pleins de venin et avaient pour but de blesser. Ce qu’ils ont réussi à faire. Puis la colère face à l’absence de réaction des personnes les plus proches de moi et à l’injustice de cette situation. Le marchandage lorsque j’ai tenté de renouer un dialogue. La dépression (celle-là j’en ai déjà parlé ici).
Et enfin j’arrive à l’acceptation.
Bien qu’athée, j’ai toujours aimé cette citation de Marc-Aurèle: Mon Dieu, donnez moi la force d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer celles que je peux changer, et la sagesse de les distinguer.
Je crois que j’ai fini par comprendre que j’avais affaire à des personnes incapables de remise en question et sûrement en fin de compte assez peu courageuses. Mais mon travail sur moi, et Marc-Aurèle, m’auront permis d’intégrer que la façon dont les autres perçoivent les choses leur appartient. Je ne peux pas la changer. En revanche je peux agir sur la façon dont les choses me touchent et ma façon d’y réagir. Et je décide que tout ceci m’a fait assez de mal.
Le déclic est venu du faire-part de mariage et du cadeau de naissance qui m’ont été renvoyés. Et des explications, disons-le, foireuses qui m’ont été données. J’ai intégré qu’en fait quoique je fasse rien ne changerait. Je resterai la folle hystérique à qui tout est dû et les torts seront toujours de mon côté.
Autant vous dire que ce retour à l’envoyeur m’a fait mal. J’ai passé des jours à y penser. Et puis finalement j’ai réalisé plusieurs choses.
J’ai un mari et de deux petites filles formidables qui sont les personnes avec lesquelles je me sens le mieux car je peux être moi à 100%. Et pourtant Jiminy me supporte depuis bientôt 20 ans!
J’ai également appris que le pardon est un cadeau que l’on se fait à soi-même. Et qu’il n’est pas pour autant synonyme d’oubli.
Je suis de retour chez moi. Dans ma ville, dans mon quartier, dans mon chez moi. Celui que j’avais eu tellement de mal à quitter il y a quinze ans. Ici l’air sent bon. Oui oui, je vous le promets. Ici j’ai hâte de tout. L’été est la promesse de chaudes journées à la plage. De verres en terrasse sur le port. De nuits la fenêtre ouverte avec les cris des paons et des coqs au réveil. L’automne et son retour au calme ainsi que de quelques journées grises qui vont si bien à la ville. L’hiver et les chocolats chaud dans les cafés avec vue sur les tours du port. Les tempêtes qui rythment la saison. Puis le printemps avec le retour des beaux jours. Le parfum de la rosée sur les arbres du parc en bas, l’installation du hamac sur la terrasse.
Comment ne pas se dire que l’on a tout ce qu’il faut dans ces conditions? Qu’il n’y a plus de place pour la colère et la douleur?
Alors voilà. Le chemin aura été long et souvent douloureux mais je crois que j’ai enfin atteint l’étape de l’acceptation et une certaine sérénité face à ces épreuves.
Je continue à faire ce que je pense juste et j’avance en tachant de ne conserver que les bons souvenirs. Tout n’est pas résolu, j’ai encore du travail notamment sur ma confiance en moi et ce flutain de sentiment d’insécurité et d’abandon. Mais je me dit que c’est déjà une étape de franchie, que je suis sur la bonne voie et bien entourée.
Si tout n’est pas parfait, je suis là où je voulais être, au bon endroit avec les bonnes personnes et au final, n’est ce pas tout ce qui compte?
Minuit passé, l’heure parfaite pour terminer un article et le publier, non? Décidément, exit le rythme de vie avec le confinement. Heureusement que les filles sont encore en vacances jusqu’à la fin de la semaine. Lundi c’est retour à l’école à la maison. (paragraphe qui n’a rien à voir avec la choucroute mais ajoute un peu de légèreté.